Poésies imaginaires ou poésies inspirées par la vie ordinaire, au gré de balades.
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BON CHASSEUR
Il s’appelle Bon Chasseur. Ce chef
Descendant d’une lignée des
Anciens Nukaks est aujourd’hui
Enfermé dans la grisaille
Des murs. Ce colosse assis
Sur un tabouret, le dos courbé
A perdu de son prestige...
Il cherche des yeux la clarté
Du jour. Mais le carreau sale
Ne laisse pas entrevoir le
Paysage. Dunbar, à côté,
Son ami de confiance
Se tient debout sous le néon.
Bon Chasseur ferme les yeux et
Se remémore les jours rares
Et heureux de sa vie passée
Dans la forêt. Des bruits de pas
Résonnèrent vers le couloir froid.
Des visages blancs l’avertissent
Que le procès peut commencer.
Dans la salle des voix retentissent.
Les hommes blancs lui indiquent
Sa place. Bon Chasseur figé
Et impassible observe
La scène. Il espère que ce
Porte-parole, ce frère
Demi-sang fera gagner la
Cause de son peuple. Sous
Un coup de marteau, le débat
S’ouvre...”La parole est donnée
A Maître José Luis. C’est sous
Le serment de Justice clamée
Qu’il entame : “Mesdames, Messieurs.
Cette affaire est précise !
Mon client ici présent, le
Ministre Bill Herta, suivi
Des Affaires Indiennes,
Reproche à l’opposition
De faire, sur une partie
Du territoire, obstruction :
Pour non-civilités près de
San José Del Guaviare
Et Irina. Puis d’intenter
Des actes de hautes barbaries
Envers les hommes chargés
De l’expulsion.” Quand Dunbar
Se tourne stupéfait, pâlit.
“Erreur ! Maître José Luis. Ce
Jour où vous faîtes référence,
Il s’agissait d’une horrible
Tuerie à l’encontre de ce
Peuple pacifiste. En fait,
Il célébrait une fête
Avec les siens lorsqu’ont sifflé
Des balles et cris résonnés ...
Les morts jonchaient sur les allées
Des camps. C’étaient les soldats
Armés. Si les nukaks, là-bas,
Ont tué des hommes blancs, c’est
Par pure défense ! Or !...Au
23 mars 2003, donc bien avant les
Massacres, j’ai assisté à
La seule négociation. Au
Lendemain, Monsieur Bill Herta
Ici présent, Délégué des
Affaires Indiennes, avait
Conclu avec l’accusé, le
Chef Bon Chasseur, un traité de
Paix qui fut signé ! “ La salle
S’offusque d’un “Oh”. L’avocat
Hausse la voix et ajoute,
Les Nukaks acceptèrent le cas :
Leur territoire délimité
A l’Ouest près de San José
Del Guaviare, leur était
Laissé à leur convenance.
Par conséquent, ils étaient
Libres de continuer leur
Culture et leur mode de
Vie. Cependant depuis cette heure,
Le peuple Nukak n’excuse
Pas cette abominable
Tuerie ni cette trahison !
Toute la salle fustige
Aussitôt. Et la Cour à son
Tour se concerte. Le juge
Dit : “La Cour déclare, après
Délibération, le peuple
Nukak étant condamné à ...
“ Monsieur, ! ... réplique l’avocat,
Voici les quelques témoins qui
Ont survécu !. En vertu de
L’article mille cinquante-six,
La liberté consiste à
Ne nuire...; de l’article deux milles,
Les domaines étant un droit
Inviolable et sacré...De
La Déclaration des Droits de
L’Homme ; ces articles ont été
Bafoués ! La salle acclame.
Alors le juge animé
Déclare : “En vertu de ces
Articles, je déclare que
L’accusé reconnu du fait
Mentionné, soit relâché et
Peut vivre aux conditions dictées
Précédemment du Traité de
Paix du 23 mars 2002.
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LE NOUVEL AN
Que le soir est froid et pluvieux,
Les étoiles scintillent dans les cieux,
Des lumières clignotantes plaisent aux yeux.
Dans la salle règne la bonne humeur,
Quand retentissent des échos joyeux,
Tous les visages rient en choeur ;
L’or et l’argent sont au rendez-vous,
Aimable la maîtresse se dévoue :
“Artisans, ouvriers et commerçants,
Ce soir on fête le Nouvel An !”
Un immense sapin brillant
Nous rappelle de merveilleux instants.
Le cristal luit de mille reflets
Et regorge de délicieux mets,
Sur la table richement fleurie.
La musique m’enivre, je souris.
Sur la piste spacieuse se mêlent
Teints et étoffes, plumes et lumières,
Les musiciens aux allures fières
Entament ce bel air de Ravel.
Et sonne la grande horloge,
Toutes les exclamations fusent,
Car ce jour mérite tant d’éloges.
Jurer d’une vie meilleure, elle ruse.
Le champagne coule limpide
Dans les coupes en pyramide.
Des mains avides s’en emparent,
Et de ce délicieux breuvage,
Les esprits se délient et voyagent,
Les moments de la vie se parent.
Dans le bleu profond de la nuit,
Eclairé par des étoiles,
Des milliers de flocons de neige fuient,
Glissant lentement le mince voile.
Au loin, les arbres semblant hurler
M’avisent du danger....
Des rires surprennent ma rêverie,
Les confettis sont éparpillés
Sur les têtes pailletées,
Et mille feux éclatent de magie.
Les brumes du matin s’effacent
Sur la ville encore endormie.
Blanche neige a pris sa place,
Reste ! Et garde la vie.
De ce nouveau jour qui commence,
Je me souviens de cette romance.
Ces grands chênes ankylosés,
Aux frêles branches cristallines
Rayonnent de lumières satines,
L’attente de la vie demeure figée.
Nathalie Salat